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librairie mlire - Page 2

  • Le garçon qui volait des avions (Elise Fontenaille) - chronique de Simon #94

    Le garçon qui volait des avions de Elise Fontenaille (Rouergue coll DoAdo - 8 €)

     

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    Liberté.

    C'est inconstestablement le mot qui nous vient à l'esprit quand on lit ce court texte d'Elise Fontenaille.

    L'auteur, qu'on aime pour ses textes courts et percutants (La cérémonie d'hiver par exemple) s'est une nouvelle fois inspirée d'un fait réel pour écrire ce roman.

     

     

    Colton Harris-Moore.

    colton harris-moore

    Ce nom vous dit peut-être quelque chose si vous traînez sur les réseaux sociaux. Regardez son profil. Plus de 30000 personnes à travers le monde ont suivi ces aventures.

    À première vue, rien de bien transcendant chez ce jeune  américain. Une bonne tête d'ado. Une chemisette aux couleurs d'une marque de voiture et écouteurs MP3 aux oreilles, il semble allongé dans les bois quand il prend la photo de son profil. Pourtant ce jeune homme va devenir en quelques mois l'ennemi public n°1 de la police de San Juan, une petite île au large de Seattle.

    Dès huit ans, ce petit gars qui vit seul avec sa mère, est l'objet d'une erreur policière qui lui reste en travers de la gorge. Il est accusé d'avoir volé le vélo qu'il arbore fièrement sur les routes de San Juan. Sa mère n'a pas beaucoup d'argent et tout le monde est persuadé qu'elle n'a pas pu lui offrir un tel engin. Cette erreur non digérée marquera son changement d'attitude et le début de son incroyable destin.  Après plusieurs séjours dans des centres, il s'échappe de nombreuses fois et apprend à vivre de manière totalement autonome. Il rentre de moins en moins à la caravane familiale et commence à vivre dans les bois. Il va de maison en maison et pique tout ce dont il a besoin. D'abord des petites choses : de la nourriture, des boissons, des petits objets, puis au fur et à mesure de ses succès il voit plus grand : des voitures, des bateaux pour enfin toucher son rêve ultime... un avion ! Cette partie de l'histoire est très symptomatique du personnage autant qu'elle peut paraître extraordinaire. Petit, il s'amuse sur des jeux de simulation de vol. Plus tard, il lit des ouvrages techniques et un matin, à 5h55, il s'envole dans un Cessna "emprunté" dans un aérodrome près de chez lui et fait son premier vol au dessus des terres qui l'ont vu naître. Avouez quand même que ce n'est pas commun pour un garçon de 12 ans...

    Car contrairement à un voleur lambda, Colton Harris-Moore a ce petit quelque chose qui en fait un délinquant exceptionnel. Il fait rêver ! Ce ne sont pas les actes qu'il fait, c'est la manière dont il les fait qui est remarquable.

    Il ne vole que pour son plaisir personnel, on aurait envie de dire pour la beauté du geste. Il opère toujours avec une certaine forme d'insouciance et de provocation (sans doute dues à son âge). À ce titre, il est vite surnommé le voleur aux pieds nus (car il ôte ses baskets avant d'effectuer ses opérations). Il ne détériore rien, laisse même des petits mots qui font enrager tout le monde. Il symbolise une sorte de rêve pour beaucoup. Ne pas faire de mal, ne pas révolutionner le monde, mais juste l'enquiquiner un petit peu. Et le faire savoir. Car tout au long de son escapade (plus de deux ans tout de même), il a régulièrement envoyé des nouvelles à ses proches... et les fans ont commencé a afflué. Des T-Shirts ont été fabriqués, des marques de soutien sont venues... comme s'il devait représenter une certaine forme d'opposition douce au système en général.

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    Comme beaucoup d'autres, Elise Fontenaille a suivi les aventures de ce jeune garçon exceptionnel. Elle a voulu lui rendre hommage dans ce livre et c'est particulièrement bien réussi ! En une soixantaine de pages elle parvient à nous faire aimer ce personnage. On aurait presque eu envie d'être aussi de ces fans qui le suivaient jour après jour. Trop tard, il est maintenant arrêté mais reste l'histoire, magnifiquement mise en scène par l'auteur, l'histoire d'un destin, l'histoire d'un rêve. Celle du garçon qui volait des avions...

     

     

     

     

     

    J'ai juré de me venger, de faire la guerre aux flics, de tout faire pour leur pourrir la vie... Là, on peut dire que j'ai réussi !

  • La nonne et le brigand (F.Deghelt)- Chronique de Delphine#25

    La nonne et le Brigand de Frédérique Deghelt (Editions Actes Sud - 22.80€)

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    Deux époques, deux femmes. Le lien invisible qui les unit est celui de l'amour, de la passion qui les dévore, parfois jusqu'à se perdre. Du Cap Ferret au Brésil , Frédérique Deghelt nous plonge dans les affres de l'amour et signe un roman sensuel et envoutant.

    "Je ne savais pas ce que c'était l'amour, je ne savais rien de ce qui nourrit et dévaste, alors sans ce savoir je n'étais qu'une petite chose lancée sur les routes et sans arme pour affronter la vie".

     

    le site officiel de Frédérique Deghelt

  • On dirait le sud T01 (Cédric Rassat et Raphaêl Gauthey) - nos clients vous parlent de leurs lectures #12

    lesud-t1-couv_s.jpgOn dirait le sud T01 Une piscine pour l’été
    Cédric Rassat (Scénario)
    Raphaël Gauthey (dessin)
    Delcourt


    « On dirait le sud, le temps dure longtemps » et en effet, c’est une étrange sensation de temps suspendu qui plane sur ce premier épisode de la série de Rassat et Gauthey, « une piscine pour l’été ».Un état d’apesanteur généré par la canicule qui plombe la France de 1976. Dans un village méridional, un syndicaliste intègre et ambigu, des membres d’une famille en décomposition, patrons et ouvriers se croisent. En toile de fond, la ronde quotidienne des hélicoptères et d’inexplicables disparitions d’enfants pouvant faire écho à l’affaire Ranucci, tollé politique qui annoncera la fin de la peine de mort. Cette chronique sociale et familiale nous replonge dans une période charnière qui laisse derrière elle les illusions du système libéral et qui annonce la fin des trente glorieuses. Une atmosphère étouffante restituée par le magnifique dessin de Gauthey qui n’est pas sans rappeler le réalisme des toiles de Hopper, où les lignes fortes tendent à montrer la profondeur psychologique des sujets.

     

    chronique réalisée par Séverine Tauzia

  • Pluto de Naoki Urasawa & Osamu Tezuka - chronique de Guillaume #32

    Pluto-kana-1_m.jpgPluto (2 tomes parus sur 8)
    URASAWA Naoki
    TEZUKA Osamu

    Kana


    Naoki Urasawa a déjà conquis les amateurs de manga avec deux séries cultes (20th century boys et Monster, respectivement chez Panini et Kana). Sa nouvelle série, Pluto, qui comptera 8 tomes, aura à coup sûr un succès au moins équivalent !

    Urasawa s’inspire ici très librement de deux épisodes du personnage mythique de Tezuka, Astro, le robot le plus fort du monde. On y suit l’énigmatique inspecteur Gesicht (personnage secondaire de la série initiale) qui va enquêter sur les disparitions successives des robots les plus puissants de la planète. Au fur et à mesure des recherches et surtout des rencontres de Gesicht (qui est lui-même un robot), la menace qui plane sur les robots se fait de plus en plus pesante, l’émotion plus prégnante, le mystère plus épais.

    Encore une fois, Urasawa s’empare du lecteur dès les premières pages grâce à une puissance narrative hors-du-commun et grâce à des personnages aussi riches qu’attachants.

  • AU pays des petits poux ( Béatrice Alemagna) - Chronique de Claire #30

    Au pays des petits poux

    Béatrice Alemagna

    Phaidon - 9€95

    au pays des petits poux.jpg Les poux vivent fréquemment sur la tête des enfants mais ceux que l'on rencontre dans cette album ont élu domicile dans un matelas. Ils sont nombreux dans ce pays pourtant ils ne se sont jamais rencontré. Le poux gras à l'occasion de son anniversaire va donc inviter tout le monde pour faire la fête. Mais quel choc lorsqu'ils arrivent devant sa porte. Ses voisins poux sont tous différents et aucun n'est blanc et gras comme lui !Chacun pose ses questions, commente, se voit justifier se longues jambes, sa couleur jaune, ses grands yeux ... après un long débat, les poux ont compris : personne n'est identique, on naît tous différents !

    Béatrice Alemagna nous à toujours habitué à de magnifique colage, c'est donc avec plaisir que l'on découvre cette nouvelle histoire, tout en feutrine, laine et broderie. Des poux tout doux pour une belle leçon de tolérance ! MAGNIFIQUE !

  • L'obligation du sentiment - Chronique de Delphine #10

    l'obligation du sentiment.gifL'obligation du sentiment

    Philippe Honoré

    Editions Arléa- 15€

    9782869598249

    Jeanne et Louis Maisne forment un couple modèle, respecté et amoureux depuis plus de trente ans. Pas une ombre à ce tableau idyllique. Puis Martin, leur fils, ressurgit après dix ans de silence. Ce fils, qui est parti sans un mot, veut les revoir. Le couple ressent alors le danger. Que veut-il? Pourquoi revient-il après toutes ces années d'oubli? Qu'attend-t-il de ces deux êtres soudés jusqu'à la mort. Il devrait pourtant savoir qu'il n'y a plus rien à attendre, à espérer, que tout est à jamais perdu. Plus d'amour, plus de respect, plus de regret...

     

    Découpé en plusieurs paragraphes, Philippe Honoré nous offre un roman incroyable, d'une intensité bouleversante,telle une enquête policière pour dévoiler l'inavouable. Dans un style épuré et froid, il nous plonge dans le plus horrible des secret de famille jusqu'à l'explosion de la vengeance.

    Delphine Bouillo

  • Chaos calme - chronique de Gabriel #19

     

    chaos calme.gifChaos calme

    Sandro Veronesi

    Grasset - 21.90 €

    9782246724315

    Un homme seul, attend en face de l’école de sa fille Claudia. Tous les jours, dans sa voiture, sur un banc du parc ou dans le bar le plus proche. Cet homme à la situation confortable et même enviable, vient de perdre sa femme mais pas sa raison comme ont l’air de le croire ses amis, sa famille, ses collègues. Situation anormale, situation qui ne peut être que celle d’un homme désespéré et choqué par la perte brutale de sa compagne, situation qui n’a qu’un temps. Cependant Pietro Paladini se sent bien, il ne lui semble pas qu’il souffre, sa fille non plus, cela l’inquiète au début mais il finit par l’accepter. C’est juste une idée qui germe et qui s’installe, être avec Claudia ou du moins qu’elle sache qu’il est là devant l’école toute la journée. Il délaisse le superflu et tout en faisant une sorte de bilan de son nouvel environnement quotidien, de sa vie, c’est son entourage qui va venir se confier à lui. Sous prétexte de le plaindre ou de prendre de ses nouvelles, ils viennent tour à tour vider leur sac (au sens propre même pour sa belle-sœur), faire exploser le trop plein de souffrances, de tristesses, de frustrations qu’ils n’arrivent plus à contenir.

    C’est avec une vraie maîtrise d’écriture que Sandro Veronesi fait voler en éclats la normalité imposée de notre vie contemporaine. C’est dans un parc ou dans une voiture, dans un univers restreint que se dénouent les fils, les passions et les tourments d’une société bourgeoise (le roman prend place à Milan), d’un monde et d’une économie globalisée qui ne se soucie plus de ses rouages humains. Pour préciser ce dernier point, Pietro est directeur de production dans une grande entreprise qui est sous le coup d’une fusion qui affole tous les employés des dirigeants aux subalternes. Vigie d’un monde qui se délite, Pietro reste en retrait parfois même en décalage par rapport aux confidences qui lui sont faites et tout en ayant du recul, que lui procure cet après deuil étrangement serein, il n’hésite pas à se moquer de ses congénères.

    Un peu farce, un peu drame, Chaos calme appuie là où ça fait mal, la futilité de notre mode de vie contemporain, nos illusions, le travail….et Sandro Veronesi le fait avec brio, en pointant l’absurdité de la vie, par un contrepoint des situations dites normales ainsi que par des ruptures de vitesse dans l’écriture. Un roman à l’image de la mer personnage central du début du roman. On y retrouve le flux, les tempêtes, ses symboles antinomiques de protection et de mort dans le style et dans la forme. En tout cas au risque de trop parler, Chaos calme est un livre à lire.

  • chronique de Guillaume #03

    755817970ce3672e2c21a78d265c50ba.jpgLà où vont nos pères

    Shaun Tan

    Long Courrier, Dargaud - 15 €

     

    MEILLEUR ALBUM 2008 DU FESTIVAL D ANGOULEME  !!!

     

    On vous l'avait déjà dit, il y a quelques temps, alors on vous le redit : cette BD est géniale et on est tous bien contents qu'elle ait eu le premier prix du Festival d'Angoulême...

     

    Pour fêter ça, on vous ressort la critique de Guillaume publiée dans la revue Citrouille il y a quelques mois...

     

    Un homme part de chez lui. Il quitte tout, sa femme et son enfant pour un pays lointain. Les adieux sont durs, le voyage est long puis c’est l’arrivée dans un pays étranger, aux codes et coutumes inconnus, qui seront lentement découverts. Quelques démarches administratives, puis il faut s’installer, trouver un logement, un travail. Les rencontres sont tantôt heureuses car vouées au partage, d’autres terribles car liées à la haine. Tout se fait petit à petit, jusqu’au magnifique passage de témoin final…

    Cette histoire sans texte, inclassable, à mi-chemin entre album et bande dessinée, est une petite merveille sur le thème du déracinement du migrant et sur sa lente et difficile intégration. Alternant pleines pages et juxtaposition de petites cases, Shaun Tan, auteur de l’Arbre Rouge paru à la Compagnie Créative, nous conte une histoire universelle, remplie d’émotion, recourant au fantastique pour exprimer la difficile appréhension d’un monde inconnu tout en conservant pourtant un ton extrêmement humain. Le dessin en crayonné sépia souligne parfaitement la lente évolution des choses et le côté atemporel de l’histoire.

    Là où vont nos pères est une œuvre importante, largement abordable, qui mérite qu’on lui consacre un temps particulier, entier, à la hauteur de sa qualité.

    Guillaume Boutreux